Méthodes d'estimation et d'extrapolation des pompages des eaux souterraines par l'intégration des pratiques locales: cas de la plaine du Saïss au Maroc
Résumé
Dans le Saïss, le développement de l’irrigation par les eaux souterraines a permis la transformation des systèmes de production, en particulier l’extension de l’arboriculture et du maraîchage, et la production de richesses. Cependant, ces transformations ne concernent qu’une minorité d’agriculteurs en mesure d’accéder et d’exploiter l’eau souterraine. Ce développement agricole rapide a contribué à la construction d’inégalités sociales et économiques, mais aussi à la baisse des niveaux des aquifères. Puisque les prélèvements réels par l’agriculture ne sont pas observés, il est difficile de déterminer la part des différents types d’agricultures responsables des prélèvements et d’identifier des leviers pour remédier à la surexploitation. L’objectif de l’article est de développer et comparer quatre méthodes d’estimation et d’extrapolation des prélèvements en eau souterraines agricoles en faisant la distinction entre usages et usagers. La zone d’étude concerne 4.200 ha dans la province d’El Hajeb. Nos observations montrent que les inégalités d’exploitation des eaux souterraines sont d’abord fonction des inégalités d’accès à la terre, car 0,5% de grands investisseurs contribuent pour 27 % à l’utilisation des eaux souterraines, sur 33% de la SAU totale. A l’inverse, les attributaires de la réforme agraire (26 % de la SAU) ne contribuent que pour 14 % à la surexploitation. Les locataires, conduisant un maraîchage intensif, sont responsables pour 33 % des prélèvements agricoles sur 11 % de la SAU. Nous avons évalué la pertinence des différentes méthodes d’extrapolation des prélèvements agricoles, en fonction des objectifs et de l’ampleur du travail de terrain nécessaire pour obtenir les données. Il est important de rendre visible les inégalités des prélèvements agricoles, pour décomposer la question de surexploitation. Préciser les contributions des uns et des autres à la surexploitation, permettra de renforcer la pertinence des plans de gestion des eaux souterraines.
Mots clés: Eaux souterraines, surexploitation, inégalités, irrigation, estimation des pompages, Maroc
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