Évaluation de la productivité de cinq cultivars de bananiers associés aux légumineuses arborescentes à Kinshasa, RD Congo
Résumé
L’objectif de ce travail était de chercher à améliorer la production des bananes et plantains dans les conditions de plateau de Batéké et visait à travers différentes associations d’essences de légumineuses arborescentes avec cinq cultivars de bananiers, en vue d’identifier la meilleure combinaison à recommander aux producteurs dans le système sylvo-bananier. Suivant un dispositif factoriel (cultivars de bananiers et essences légumineuses), nous avons alternativement associé cinq cultivars de bananiers (un cultivar de bananier dessert (AAA) (Gros Michel) et quatre cultivars de plantains (AAB) (Bubi, Diyimba, Ndongila et Nsikumuna) avec quatre légumineuses arborescentes (Millettia laurentii, Acacia auriculiformis Benth, Inga edulis Mart et Pterocarpus acuminatus), plantées une année avant la mise en place des bananiers. Au regard des résultats obtenus avec les systèmes sylvo-bananiers étudiés, les associations Nsikumuna - Pterocarpus acuminatus et Gros Michel - Millettia laurentii se sont révélées plus performantes comparativement aux autres associations, surtout celles formées avec les légumineuses Inga edulis et Acacia auriculiformis qui ont produit les plus faibles résultats. Ainsi, ces premières combinaisons peuvent être recommandées aux producteurs de Kinshasa et ses environs, en vue de rentabiliser la production du bananier au plateau des Batéké.
Mots clés: Agroécosystèmes, Légumineuses arborescentes, Bananiers, Productivité, Kinshasa
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INTRODUCTION
Selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, la banane représente l’un des produits de base de l’alimentation des populations en Afrique centrale avec 35% d’apports en calories. Elle occupe plus de 50% de la population active rurale, et contribue significativement au PIB de cette région. Les bananes desserts et les plantains contribuent à la sécurité alimentaire de millions de personnes dans la zone intertropicale du monde et les profits générés par leur culture sont estimés à plus de 50 milliards de dollars américains en 2017 (Ondh-Obame et al., 2020).
En RDC, le bananier est parmi les cultures alimentaires les plus importants. Avec une production annuelle de 1.960.960 tonnes en 2011, le bananier occupe la troisième place dans la production nationale après le manioc (FAOSTAT, 2012).
La banane plantain est essentiellement produite au sein d’exploitations familiales agricoles, avec des systèmes de production souvent extensifs du point de vue de l’usage d’intrants ou de la mécanisation, dans des systèmes de culture complexes. L’amélioration durable des performances productives de ces systèmes impose d’innover. La notion de durabilité renvoie à la prise en compte d’impacts sur les ressources écologiques (biodiversité, fertilité, déforestation) et sur les conditions sociales des modes de production basés principalement sur l’agriculture familiale. L’innovation en agriculture fait référence à l’utilisation par les agriculteurs de connaissances scientifiques, de techniques, de nouveautés (intrants, variétés) souvent produites par la recherche agronomique (Kwa et Temple, 2019).
Plusieurs millions d’exploitations cultivent des plantains en association avec d’autres productions vivrières dont notamment macabo, taro, manioc, patates, légumes et légumineuses. Il est cultivé principalement dans de petites structures de production et dans des associations de cultures diverses qui varient selon les régions. Les agriculteurs privilégient des techniques qui minimisent l’usage d’intrants phytosanitaires chimiques. L’intensification pour accroître la production avec une gestion durable des ressources de l’écosystème implique des capacités à mobiliser les connaissances de la recherche scientifique (Kwa et Temple 2019). A cet effet, deux questions méritent attention: quelle est l’essence de légumineuse qui serait performante dans le système sylvo bananier dans les conditions de plateau de Batéké ? Et quel cultivar qui produirait mieux dans cet agro-éco-système ?
L’utilisation d’une légumineuse à croissance rapide, donnant la biomasse foliaire abondante pourrait être plus performante dans le système sylvo-bananier avec un cultivar de bonne croissance pouvant conduire à une bonne production des bananes dans les conditions de Kinshasa et ses environs.
L’objectif général de cette étude est l’amélioration de la production des bananes dans les conditions de plateau de Batéké. Spécifiquement, ce travail vise à comparer les différentes associations de légumineuses arborescentes avec cinq cultivars de bananiers en vue d’identifier celles qui seront performantes dans la production de bananes en conditions de plateau de Batéké.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Milieu
Notre essai expérimental a été installé au plateau des Batéké, au village Mpuku N’sele, à environ 130 Km du centre-ville de Kinshasa. Les coordonnées géographiques sont les suivants: 4° 30’ 36,470’’ de latitude sud, 15° 55’ 7,251’’ de longitude Est, et à 472 m d’altitudes. Dans son ensemble, le climat du plateau de Batéké, comme celui de la ville de Kinshasa est du type Aw4 suivant la classification de Köppen. C’est un climat tropical humide soudanien avec deux saisons bien contrastées; une saison sèche qui s’étend de mi-mai à mi-septembre et une saison humide qui débute à la mi-septembre pour s’achever à la mi-mai.
Température: La température moyenne annuelle est de 26°C. Elle diminue durant la saison sèche de juin-août, avec une moyenne de 24°C et elle augmente de 0.5°C pendant la saison des pluies. La température maximale moyenne mensuelle est de 30°C, avec un maximum absolu de 39°C, tandis que la température minimale moyenne mensuelle est de 19,5°C durant la saison sèche avec un minimum absolu de 14,5°C (relevés de terrain) (Nsombo, 2016).
Insolation: L’insolation est suffisamment élevée avec une durée annuelle atteignant 1 838 heures. Elle est basse en saison sèche à cause de la couverture nuageuse et est plus élevée au début de la saison de pluie, avec 194 heures en octobre; la moyenne mensuelle est de 116 heures (Nsombo, 2016).
Pluviométrie: Les précipitations ont une double périodicité avec des maxima aux mois d’avril et de novembre et une courte sécheresse entre janvier et février. La période la plus sèche est le mois de juillet où souvent on enregistre zéro mm de pluie; tandis que novembre est le mois le plus pluvieux avec des hauteurs des pluies atteignant facilement 242 mm. La moyenne annuelle est de 1561 mm.
Les pluies et les nappes aquifères sont les deux sources principales naturelles de l’eau du sol. Au plateau des Batéké, la seconde source ne joue pratiquement aucun rôle, car elle se situe à de très grandes profondeurs (environ 140 m). Les rivières étant très encaissées, il en résulte que le problème d’eau se pose avec acuité dans cette contrée, à l’exception de quelques dépressions (Nsombo, 2016).
Humidité relative: L’humidité relative moyenne atteint 90% pendant la nuit et décroît à 50 % durant le temps chaud de la journée. La moyenne journalière oscille autour de 80%. Cette humidité atmosphérique élevée se maintient au cours de la saison sèche à cause des brouillards qui règnent pendant cette période aux petites heures matinales.
Évapotranspiration: L’évapotranspiration annuelle varie entre 1237 et 1340 mm. La variation mensuelle saisonnière observée est maximale à la fin de la saison des pluies avec 119 mm au mois de mars. Elle est la plus faible pendant la saison sèche avec 88.8 mm au mois de juillet, consécutive à la diminution de la température et de l’insolation (Nsombo, 2016).
Au plateau des Batéké, le sol est sableux friable, et à faible capacité de rétention d’eau. Dans un tel sol, le seul élément capable de retenir l’eau, de garder l’humidité est la matière organique. Sous les plantations d’Acacia sp ou sous les galeries forestières, la teneur en matière organique est relativement élevée et la litière forme une couche de plus de 5 cm. Par contre sous formation herbeuse, où les feux de brousse sont quasi annuels, la litière est presque inexistante (Nsombo, 2016).
L’essai a été mené au cours de la période allant de 15 octobre 2019 au 15 septembre 2021, faisant ainsi une année et onze mois d’expérimentation.
Matériel
Nous avons utilisé quatre légumineuses arborescentes: Millettia laurentii, Acacia auriculiformis Benth, Inga edulis Mart. et Pterocarpus indicus Willd Graham in Wallich Kuntze, plantées une année avant la mise en place des bananiers. Les semences de ces légumineuses avaient été fournies par le Jardin Botanique de Kisantu dans le Kongo-Central. Pour le bananier, nous avons utilisé un cultivar de bananier dessert (AAA), Gros Michel et quatre cultivars de plantains (AAB), Bubi, Diyimba, Ndongila (tous trois du type French) et Nsikumuna (de type Faux corne) (Tableau 1).
Ces bananiers ont été fournis par le projet Biodiversity International en provenance de l’INERA M’vuazi dans la province du Kongo-Central.
Méthodes
Le dispositif expérimental adopté au cours de notre expérimentation était le dispositif factoriel (deux facteurs: essences et cultivars) avec 3 blocs. Chaque bloc représentant une répétition.
Le champ expérimental a une superficie de 3600 m2 soit 120 m de longueur et 30 m de largeur. Les dimensions des parcelles sont de 30 m en tous sens, ce qui fera une superficie de 900 m2. Chaque parcelle comptait 25 plantes des essences forestières disposées aux écartements de 6 m x 6 m, soit au total 75 plantes d’essences forestières transplantées intercalés de 150 plantes de plantain entre les lignes des essences forestières, disposés aux écartements de 3 m x 2 m, avec au total 450 plants de plantain installés aux écartements De 3 m x 2 m. La parcelle témoin est constituée de culture pure des plantains.
Techniques culturales
La préparation du terrain avait commencé par le labour et le hersage qui ont été effectués à l’aide d’un tracteur agricole suivi de la délimitation des blocs, des parcelles et le piquetage des lignes de plantation. Après avoir préparé le terrain, nous avions procédé par la trouaison des poquets aux dimensions de 40 cm x 40 cm x 40 cm, des différentes parcelles et par répétition et nous avons amendé à raison de 10 kg de bouse de vaches par poquet. Elle est intervenue deux semaines après l’amendement répétition par répétition. L’entretien consistait à faire le regarnissage des vides suivant les répétitions, le paillage autour de chaque pied, le sarclage, l’effeuillage régulier et l’élagage des essences forestières.
Paramètres végétatifs
Les paramètres végétatifs mesurés sont la hauteur de la plante mère à la floraison (m), le diamètre au collet du pied mère à la floraison (cm), le nombre des rejets successeurs par pied, le nombre de feuilles vertes du pied mère, la hauteur de rejet fils (plus grand rejet) (m), la surface foliaire (m2), le nombre de feuilles vertes du rejet fils, 50% de floraison ainsi que le cycle végétatif (date de récolte).
Nous avons relevé la hauteur de la plante et la hauteur de rejets fils à l’aide de mètre ruban, ce prélèvement se faisait du collet à la gaine. Le diamètre au collet se mesurait par le mètre ruban cinq centimètres du sol en le contournant de la tige du bananier et la valeur trouvée divisée par deux. La surface foliaire se mesurait par le mètre ruban on multipliant la longueur, la largeur et 0,83 qui est le coefficient de correction et le nombre de feuilles vertes du pied mère, nombre de feuilles vertes de rejets fils se comptaient à la main ou se faisaient manuellement.
Paramètres de production
Comme paramètres de production, nous avions comparé le poids du régime, le nombre des mains par régime, le nombre de doigts par main et le rendement de bananier en cultures en couloirs/associées. Les poids du régime ont été mesurés en pesant chaque régime et le nombre des mains par régime ainsi que le nombre de doigts par main ont été comptés manuellement. Les données collectées ont été soumises à des analyses statistiques. Les résultats ont été obtenus au moyen d’une analyse ANOVA au seuil de probabilité de 5%.
RÉSULTATS
Hauteur de pieds mères
La hauteur des plants la plus élevée a été obtenue avec les pieds mères de bananier issus des associations Nsikumuna - Pterocarpus indicus Willd et Gros Michel - Millettia laurentii, avec de valeurs moyennes respectivement de 3,8 m et de 3,5 m (Tableau 2). Par contre, la hauteur la plus faible a été observée avec les associations Bubi - Acacia auriculiformus (2,0 m), Ndongila - Acacia auriculiformus (2,0 m), Bubi - Inga edulis (2,1 m) et Diyimba - Acacia auriculiformus (2,1 m).
En outre, les espèces Pterocarpus indicus Willd et Millettia laurentii sont de légumineuses qui ont les plus influé significativement sur la croissance en hauteur de cultivars de bananiers mis en association, et plus particulièrement sur les cultivars Nsikumuna et Gros Michel (Tableau 2).
Diamètre au collet des pieds mères
Contrairement à la hauteur des plantes, le diamètre au collet le plus élevé a été enregistré avec les pieds mères de bananier du cultivar Gros-Michel, en association avec la légumineuse arborescente Pterocarpus indicus Willd (37,3 cm), suivi de ceux formés par les combinaisons Diyimba - Millettia laurentii (33,8 cm), Nsikumuna - Pterocarpus indicus Willd (33,8 cm) et Gros Michel - Millettia laurentii (32,7 cm) (Tableau 3). Cependant, le plus faible diamètre au collet a été enregistré avec les pieds mères de bananiers du cultivar Bubi associés avec les espèces Acacia auriculiformus (21,0 cm), Inga edulis (21,7 cm) et Millettia laurentii (22,6 cm).
Et tout comme pour la croissance en hauteur de cultivars de bananier mis en association, les espèces Pterocarpus indicus Willd et Millettia laurentii ont aussi influé significativement la croissance en diamètre de bananiers plus que toutes les autres légumineuses (Tableau 3).
Nombre de rejets successeurs
Le nombre de rejets successeurs le plus élevé a été observée chez les plantes de bananiers des associations Gros Michel - Inga edulis (8,3 rejets successeurs) et Diyimba - Millettia laurentii (8 rejets successeurs) suivis des combinaisons Gros-Michel - Pterocarpus indicus Willd et Gros-Michel - Acacia auriculiformus (Tableau 4). Par contre, le nombre de rejets successeurs le plus bas a été enregistré chez les plantes de bananier de l’association Bubi - Acacia auriculiformus (1,3 rejets successeurs) suivi de celles issues des associations Bubi - Inga edulis (2,3 rejets successeurs), Diyimba - Acacia auriculiformus (2,3 rejets successeurs), Nsikumuna - Acacia auriculiformus (2,3 rejets successeurs).
Contrairement aux deux premiers paramètres, l’espèce légumineuse Inga edulis est celle qui a la plus influencé significativement la production de rejets successeurs, avec un record de 8,3 rejets successeurs en association avec le cultivar Gros Michel suivi de Millettia laurentii, avec une production de 8 rejets successeurs en association en association avec le cultivar Diyimba.
Hauteur de rejets fils
La hauteur la plus élevée a été obtenue avec les rejets fils issus de l’association Gros Michel - Pterocarpus indicus Willd (77,3 cm) suivi de Bubi - Pterocarpus indicus Willd (66,0 cm) et Nsikumuna - Pterocarpus indicus Willd (65,0 cm) (Tableau 5). Néanmoins, la hauteur de rejets fils la plus faible a été observée chez les bananiers de l’association Ndogila - Acacia auriculiformus (21,1 cm) suivi de ces issus des associations Diyimba - Acacia auriculiformus (31,3 cm), Nsikumuna - Acacia auriculiformus (36,3 cm) et Bubi - Acacia auriculiformus (39,3 cm).
Les légumineuses Pterocarpus indicus Willd et Millettia laurentii ont aussi influencé significativement la croissance en hauteur de rejets fils de presque tous les cultivars de bananiers étudiés, sauf pour le cultivar Ndongila qui s’est mieux comporté en association avec Inga edulis.
Surface foliaire de pieds mères
Par rapport à la surface foliaire de pieds mères de cinq cultivars de bananiers, il ressort du tableau 6 que le cultivar Ndongila, en association avec la légumineuse Pterocarpus indicus Willd, avait produit de feuilles ayant la plus grande surface foliaire (4793 cm2) suivi du cultivar Gros Michel en association avec Pterocarpus indicus Willd (4292 cm2). La surface foliaire la plus faible a été observée chez le cultivar Diyimba, en association avec les légumineuses Acacia auriculiformus (2429 cm2) et Inga edulis (2896,6 cm2).
Nombre de feuille verte de pieds mères
Le nombre de feuilles vertes produit par pied mère (Tableau 7) montre que le cultivar Gros Michel, en association avec la légumineuse Inga edulis avait produit le plus grand nombre des feuilles vertes (6,6 feuilles) suivi des cultivars Nsikumuna et Ndongila, en association avec Pterocarpus indicus Willd (6,3 feuilles). Le nombre des feuilles vertes le plus faible a été observé avec le cultivar Diyimba, avec 2,6 feuilles vertes en association avec la légumineuse Acacia auriculiformus ainsi que le cultivar Bubi en association avec les légumineuses Acacia auriculiformus (3 feuilles vertes) et Inga edulis (3,3 feuilles vertes).
Nombre de feuille de rejets fils
Le nombre de feuilles produites par les rejets fils des cinq cultivars de bananiers (Tableau 8) a montré que le cultivar Gros Michel, en association avec la légumineuse Pterocarpus indicus Willd, avait des rejets avec le plus grand nombre des feuilles (9 feuilles) suivi des cultivars Diyimba, en association avec Millettia laurentii (8,3 feuilles). Le nombre des feuilles le plus faible a été observé avec les rejets fils du cultivar Diyimba, en association avec les légumineuses Acacia auriculiformus (1,6 feuilles) et Inga edulis (2,6 feuilles) ainsi que le cultivar Bubi, en association avec les légumineuses Acacia auriculiformus (2,6 feuilles) et Inga edulis (2,6 feuilles).
Date de 50% de floraison
Diyimba était le cultivar qui avait atteint 50% de floraison avant tous les autres, respectivement en association avec les légumineuses Inga edulis (329 jours), Pterocarpus indicus Willd (337 jours) et Acacia auriculiformus (337 jours) (Tableau 9). Les cultivars qui avaient atteint 50% de floraison après tous les autres sont Bubi, en association avec Pterocarpus indicus Willd (437 jours) et Acacia auriculiformus (437 jours) ainsi que Gros Michel, en association avec Pterocarpus indicus Willd (436 jours).
Cycle végétatif (jours)
Le cycle végétatif le plus long a été observé sur le cultivar Nsikumuna, respectivement en association avec les légumineuses Pterocarpus indicus Willd (559 jours) et Inga edulis (557 jours) ainsi que sur le cultivar Bubi, en association avec les légumineuses Pterocarpus indicus Willd (550 jours) et Millettia laurentii (550 jours) (Tableau 10). Le cycle végétatif le plus court a été enregistré sur le cultivar Diyimba, en association avec Inga edulis (438 jours).
Poids de régimes
Les poids des régimes les plus élevés ont été enregistrés sur le cultivar Nsikumuna, respectivement en association avec les légumineuses Pterocarpus indicus Willd (25,5 kg) et Inga edulis (23,2 kg) ainsi que sur le cultivar Gros Michel (24,8 kg), en association avec la légumineuse Millettia laurentii (Tableau 11). Cependant, les poids de régimes les plus faibles ont été respectivement enregistrés sur les cultivars Diyimba (7 kg) et Bubi (9 kg), en association avec la légumineuse Acacia auriculiformus.
Nombre de mains
Nsikumuna est le cultivar qui avait produit le plus grand nombre de mains (19 mains), en association avec Pterocarpus indicus Willd et Inga edulis, suivi du cultivar Gros Michel, en association avec Millettia laurentii (18 mains) (Tableau 12). Le nombre des mains le plus faible a été observé sur les cultivars Bubi, en association avec la légumineuse Acacia auriculiformus (5 mains) et Inga edulis (6 mains) ainsi que sur le cultivar Diyimba (6 mains), en association avec les légumineuses Pterocarpus, Inga edulis et Acacia auriculiformus.
Nombre de doigts
Le nombre de doigts a eu une tendance identique au nombre de mains c’est-à-dire, Nsikumuna est resté le cultivar qui avait produit le plus grand nombre de doigts (102 doigts), en association avec Pterocarpus indicus Willd et Inga edulis, suivi du cultivar Gros Michel, en association avec Millettia laurentii (106 doigts) (Tableau 13). Le nombre des doigts le plus faible a été observé sur les cultivars Diyimba, en association avec la légumineuse Acacia auriculiformus (23 doigts) et Inga edulis (25 doigts).
Rendement par hectare
En ce qui concerne les résultats relatifs au rendement de cinq cultivars de bananiers sous études, on peut noter que le rendement à l’hectare le plus élevé a été enregistré avec le cultivar Nsikumuna, avec des rendements de 30,9 t/ha et de 28 t/ha, respectivement en association avec les légumineuses Pterocarpus indicus Willd et Inga edulis (Tableau 14). Les plus faibles rendements à l’hectare ont été observés avec les cultivars Diyimba (8,6 t/ha et 11,5 t/ha) et Bubi (11,4 t/ha et 13,7 t/ha), en association respectivement avec les légumineuses Acacia auriculiformus et Inga edulis.
DISCUSSION
Les résultats obtenus ont montré que le comportement de cultivars de bananiers a été influencé par les essences légumineuses associées. Cependant, ce comportement est fonction de cultivar et de la légumineuse associée. Par rapport aux cinq cultivars dans les différentes associations, les cultivars Nsikumuna et Gros Michel se sont révélés plus performants que les trois autres. Ce résultat se justifierait par leur identité génétique, car comparativement aux autres, ces deux cultivars présentent de caractéristiques plus intéressantes (INERA, 2008 et SENASEM, 2012 et 2019). Et cela pourrait aussi se justifier par l’amélioration des propriétés physico-chimiques du sol suite aux biomasses foliaires de ces deux essences légumineuses ainsi qu’à leur bonne capacité de fixation d’azote atmosphérique. Il a déjà été démontré par Akouehou et al. (2012) que les légumineuses améliorent la fertilité du sol par la fixation de l’azote et permettent dans une option agroforestière d'en produire suffisamment.
Nous avons aussi noté pour l’ensemble de paramètres évalués, que les résultats de tous les cultivars de bananiers mis en combinaison avec les légumineuses arborescentes sont inférieurs aux valeurs moyennes définies par l’INERA, en monoculture (cultures pures). Ceci peut s’expliquer par le fait que les bananiers avaient subis l’effet de l’ombrage. Ils avaient reçu peu de lumière qui est indispensable pour leur développement. D’après Champion (1963) et Ekstein et al. (1997), cité par Kibungu (2008), une lumière insuffisante réduit la circonférence et la hauteur, et par conséquent le poids du régime. On estime que l’insuffisance de la lumière a entraîné la réduction de l’activité photosynthétique. Cela a eu pour conséquence la réduction de la croissance de la plante et de certain de ces organes. C’est ce qui fait que les bananiers sous les essences légumineuses arborescentes ou en association avec ces dernières, se sont révélés moins productifs que les bananiers en monoculture, mais aussi que le cycle végétatif des cultivars de bananiers soit plus prolongé.
Par rapport aux légumineuses arborescentes mises en association avec les cultivars de bananiers, nous avons constaté que les essences Pterocarpus indicus Willd et Millettia laurentii ont plus influencé le comportement de cultivars de bananiers par rapport aux autres, mais surtout en association avec les cultivars Nsikumuna et Gros Michel (les associations Nsikumuna avec Pterocarpus indicus Willd ou Millettia laurentii et Gros Michel - Millettia laurentii). Cependant, l’espèce Acacia auriculiformus a moins influencé le comportement de tous les cultivars de bananiers, car les plus faibles résultats ont été obtenus sur presque toutes les associations formées avec l’Acacia. Cette situation pourrait s’expliquer par la vitesse de croissance et la production de biomasse de légumineuses arborescentes associées dans les différentes combinaisons. La croissance et le développement de ces même légumineuses arborescentes avaient été comparativement évalués par Bangata et al. (2022), et les résultats obtenus avec l’espèce Acacia auriculiformis, en termes de croissance et de la production de biomasse étaient les plus spectaculaires. Il a aussi été démontré par d’autres chercheurs qu’Acacia auriculiformis est une essence à croissance rapide et produit une biomasse abondante (Akouèhou et al., 2011 et 2012). Ainsi, nous pensons que la croissance rapide d’Acacia et son abondante biomasse pourraient causer un effet d’ombrage sur les bananiers, et par ricochet, réduire la performance de ce-derniers.
Par son importante biomasse sous forme d’émondes et de litières, Acacia auriculiformis a aussi eu un impact potentiellement fort sur l’acidification du sol (Kasongo et al. 2009, 2010 et 2011 et Ponette et al. 2011). Lorsque ses feuilles tombent, elles se décomposent en acide humique et acidifient le sol (Wuenschel, 2019), ce qui ne serait pas bénéfique à la croissance de bananiers car il a été démontré par Yamashita et al. (2008) que l’acidification des sols (assortie à d’autres changements) peut rendre les plantations moins productives et altérer la capacité des espèces natives à repeupler la zone par la suite.
Les travaux de Wang et al. (2010) ont démontré que l’Acacia auriculiformis est l’une des espèces ayant les taux les plus élevés de nitrification. Le processus de nitrification serait une des causes de l’acidification des sols occupés par l’Acacia auriculiformus (Kasongo et al.,2009; Dufey & Delvaux, 2009). Or, la zone de productivité optimale de bananier se situe autour de la neutralité, entre 6 et 7 pour le pH (Vandenput, 1981).
CONCLUSION
Le présent travail avait pour objectif l’amélioration de la production des bananes dans les conditions éco-climatiques de plateau de Batéké en comparant les différentes combinaisons sylvo-bananières, associations de légumineuses arborescentes avec cinq cultivars de bananiers en vue d’identifier celles qui sont performantes dans ces conditions agro-éco-climatiques de plateau de Bateke et pouvant être recommandées aux producteurs de Kinshasa et ses environs. Ces légumineuses arborescentes ont été transplantées une année avant la mise en place du bananier.
Les résultats obtenus ont montré que par rapport aux cinq cultivars de bananiers étudiés dans les différentes associations, les cultivars Nsikumuna et Gros Michel se sont révélés plus performants que les trois autres, surtout en association avec les légumineuses Pterocarpus indicus Willd et Millettia laurentii (les associations Nsikumuna avec Pterocarpus indicus Willd ou Millettia laurentii et Gros Michel - Millettia laurentii). Les résultats les plus élevés obtenus avec ces cultivars de bananiers se justifieraient par leur identité génétique et par l’amélioration des propriétés physico-chimiques du sol suite aux biomasses foliaires de ces deux essences légumineuses ainsi qu’à leur bonne capacité de fixation d’azote atmosphérique.
Au regard des résultats obtenus, il apparaît de manière claire que les associations Nsikumuna - Pterocarpus indicus Willd et Gros michel - Millettia peuvent être utilisée comme meilleur agro-ecosystème sylvo-babanier pour la production de bananier dans les conditions de Kinshasa et ses environs.
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