Evaluation ethno-médicinale des plantes herbacées en zone Guinéo-Congolaise du Bénin

Auteurs-es

  • Florent Eudes SOBAKIN Laboratoire d’Ecologie, de Botanique et de Biologie Végétale, Faculté d’Agronomie, Université de Parakou, Bénin
  • Serge ADOMOU Laboratoire d’Ecologie, de Botanique et de Biologie Végétale, Faculté d’Agronomie, Université de Parakou, Bénin
  • Thierry D. HOUEHANOU Laboratoire d’Ecologie, de Botanique et de Biologie Végétale, Faculté d’Agronomie, Université de Parakou, Bénin
  • Carlos Cédric AHOYO Laboratoire d’Ecologie Appliquée, Faculté des Sciences Agronomiques, Université d’Abomey Calavi, Bénin
  • Gérard Nounangnon GOUWAKINNOU Laboratoire d’Ecologie, de Botanique et de Biologie Végétale, Faculté d’Agronomie, Université de Parakou, Bénin

Résumé

Au Bénin, la connaissance sur les plantes herbacées médicinales n’est pas aussi populaire comme l’est les espèces ligneuses alors qu’elles pourraient soulager la pression subie par ces dernières. La présente étude se propose (i) d’identifier les principales plantes herbacées médicinales dans les districts phytogéographiques de la zone guinéo-congolaise du Bénin et (ii) d’évaluer l’effet des facteurs socio-environnementaux tels que l’âge, le sexe, la religion, l’ethnie, le niveau d’instruction et le district phytogéographique. Des interviews individuelles et semi-structurées auprès de 310 personnes sont réalisées sur les espèces herbacées médicinales. Les valeurs d’usage médicinal (UV) et les fréquences relatives de citation ont été déterminées. Les tests d’inférence sont réalisés pour tester l’effet des facteurs socio-environnementaux. Un total de 93 plantes herbacées regroupées dans 40 familles et 83 genres a été recensé avec un effet significatif du sexe, la religion, l’ethnie, et le niveau d’instruction. Les plantes les plus citées sont de Momordica charantia, Chromolaena adoratta, Cassia occidentalis, Heliotropium indicum, Physalis angulata, Parquetina nigrescens, Pupalia lappacea, Alternanthera repens, Hyptis suaveolens, Acanthospermum hispidum,Argemone mexicana, Aspilia africana, Blactuca taraxacifolia, Cassia rotundifolia, Cleome ciliata, Diodia scandens, Kedrostie foetidissima, Phyllanthus amarus, Schrankia leptocarpa,Sida acuta, Solenostemon monostachyus.Cette étude pourra contribuer à la préservation et à la conservation de ces ressources naturelles et au renforcement des connaissances en matière des plantes herbacées médicinales dans la zone Guinéo-congolaise du Bénin.

Mots clés: Usage, plantes herbacées, médicinales, maladies, Guinéo-congolaise, Bénin

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Introduction

Durant des siècles et même des millénaires, les ancêtres ont utilisé les plantes pour soulager leurs douleurs, guérir leurs maux et panser leurs blessures dans tout le monde entier. Ces savoirs sont transmis de génération en génération, avec leurs expériences simples en s’efforçant quand ils le pouvaient (Benkhnigue et al., 2010). En Afrique, on considère que près de 80% de la population rurale ont recours aux plantes qui l’entourent pour se soigner (Gueye et al., 2012). De ce fait les populations dépendent de la biodiversité locale pour se soigner. L’importance des ressources naturelles végétales n’est plus donc à démontrer surtout en milieu rural où, le plus souvent, elles jouent un rôle fondamental dans la survie et le développement des populations (Gueye et al., 2012). D’où la nécessité d’entreprendre des études ethno-médicinales en vue de recenser les utilisations locales des espèces végétales. Par ailleurs, les centres de santé sont peu développés voire inexistants dans les milieu ruraux de nombreux pays africains d’où l’intérêt de la population rurale pour la médecine traditionnelle (Olou et al., 2019). Certains traitements demeurent financièrement inaccessibles aux populations à économie faible malgré l’avènement des médicaments génériques (Olou et al., 2019). Beaucoup d’études ethno-médicinales ont été déjà réalisées sur les espèces médicinales, les recettes ainsi que les formes d’utilisation de ces plantes par les populations locales (Adomou et al., 2012; Agbankpe et al., 2015; Houmenou et al., 2017; Akabassi et al., 2018). Bien que ces différents travaux prennent en compte les ressources végétales ligneuses et herbacées, les espèces ligneuses sont plus exploitées en médecine traditionnelle au Bénin et sont par conséquent plus menacées (Yaoitcha et al., 2015). Cependant, les espèces herbacées sont souvent à cycle de vie court et semblent être moins menacées avec un recrutement plus abondant que les espèces ligneuses. Les études des herbacées médicinales pourraient permettre de substituer certaines espèces ligneuses qui traitent la même maladie.

L’introduction des religions révélées, de l’éducation moderne et du changement de modes de vie constituent un danger pour les connaissances ethno-médicinales (Kouchade et al., 2017). Les connaissances ethno-botaniques sont influencées par l’âge, le sexe et le groupe ethnique (Assogbadjo et al., 2011). Ces facteurs socio-culturels ont sans doute des effets sur l’utilisation et la connaissance des plantes médicinales. Il est donc important d’évaluer leur effet sur la connaissance ethno-médicinale en vue de la gestion durable des ressources végétales. En effet, la perception des populations rurales est diversifiée selon leurs groupes socioculturels (Assogbadjo et al., 2011) et ces connaissances peuvent aussi varier d’une zone (le district) à une autre selon la disponibilité de la ressource (Assogbadjo et al., 2011). Ainsi, pour assurer la gestion durable et la conservation des espèces végétales, il s’avère important d’évaluer l’effet de ces différents facteurs sur l’usage des espèces dans une zone donnée.

L’objectif principal de ce travail est de contribuer à la gestion durable des espèces herbacées médicinales par l’évaluation de leurs utilisations. Spécifiquement, il s’agit (i) d’identifier les principales plantes herbacées médicinales dans la zone guinéo-congolaise du Bénin et (ii) d’évaluer l’effet des facteurs socio-environnementaux comme le groupe ethnique, le sexe, l’âge, la religion, le niveau d’instruction et le district phyto-géographique sur les connaissances ethno-médicinales.

Matériel et méthodes

Milieu d’étude

La zone guinéo-congolaise se situe dans le Sud du Bénin (6°25 à 7°30’ N). Les districts phytogéographiques (Figure 1) de la Zone Guinéo-Congolaise sont notamment caractérisés par des fourrés et des mangroves sur des sols sableux, hydromorphes et halomorphes, de forêts semi-décidues sur des sols ferralitiques et (Aïtondji et al., 2015). Cette zone se caractérise par une pluviométrie variant de 900 mm à l’Ouest à 1300 mm à l’Est et un degré hygrométrique d’air de l’ordre de 80 %. La zone guinéenne est le domaine des sols ferralitiques, profonds et peu fertiles (7000 km²), des sols alluviaux et vertisols (3600 km²) localisés dans les vallées des fleuves Mono, Couffo et Ouémé, et dans la dépression de la Lama. Ces sols sont riches en argile, en matière organique et en éléments minéraux. La température moyenne est de 27°C. On retrouve généralement 3 principaux groupes ethniques à savoir: Fon et apparentés (39,2 %), Adja et apparentés (15,2 %) et Yoruba et apparentés (14,5 %) (Akpi et al., 2019). Les quatre districts phyto-géographiques de cette zone sont le secteur côtier, le secteur de forêt semi-décidue sèche et savane dérivée (district Ouémé), le secteur de forêt semi-décidue humide (district de Pobè) et le secteur de forêt semi-décidue sèche appauvrie (district Kouffo) (Adomou, 2005).

Échantillonnage et collecte des données

Des enquêtes ethno-médicinales ont été menées auprès des habitants dans des zones rurales proches des forêts classées ou communautaires, ou des zones de végétation (Figure 1). Ces populations rurales utilisent mieux les plantes médicinales et par conséquent ont une meilleure connaissance des plantes médicinales dans chaque district phyto-géographique de la zone d’étude. Pour estimer la taille minimale de notre échantillon, la proportion P d’individus utilisant directement les plantes herbacées médicinales pour traiter différentes maladies a été déterminée par une enquête exploratoire menée dans la zone d’étude. La taille de l’échantillon est déterminée par la formule de (Dagnelie, 1998) qui se présente comme suit:

Avec N la taille de l’échantillon recherchée; U1−α/2 la valeur de la normale à la loi de probabilité 1−α/2 est de 1,96 avec α = 5 %; d est la marge d’erreur de l’estimation fixée à une valeur de 5% ( Houehanou et al., 2015) et P la proportion d’informateurs qui utilise les espèces herbacées médicinales pour le traitement de diverses maladies. Cette proportion P déterminée est P= 71%. Avec cette valeur de P, la valeur de N estimée est de 310. Ainsi, l’enquête a permis d’interroger aléatoirement 310 personnes par rapport à leur connaissance sur les plantes herbacées médicinales. En tenant compte des groupes ethniques, l’échantillon se compose de 48 % de Fon, 16 % de Nagot, 16 % de Holi, 13 % de Yoruba, 3 % d’Adja et 02 % de Goun. Les hommes représentent 73 % et les femmes 27 %. En ce qui concerne la religion, ils étaient 53 % de chrétien, 38 % de partisan de Vodoun et 07 % de Musulman. Enfin, quant au niveau d’instruction les analphabètes représentent 62 %, ceux du niveau primaire 24 %, secondaires 10 % et ceux du niveau universitaire 01 % (Tableau 1).

Traitements et analyses des données

La fréquence de citation (FC) des espèces est calculée afin d’identifier les principales plantes herbacées utilisées. Elle représente le nombre d’usage mentionné par les informateurs investigués pour une espèce.

La fréquence relative de citation (FC) d’une espèce a été calculée et est égale au nombre de citation (n) de l’espèce divisé par le nombre total de citation (N) de toutes les espèces, multiplié par 100.

La valeur d’usage médicinal de chaque espèce a été déterminée par la formule de la valeur d’Usage (Rossato et al., 1999).

Avec Ui le nombre d’usage (c’est-à-dire le nombre d’affections) mentionnés par un informateur i pour une espèce et n le nombre total d’informateur enquêté dans le district phyto-géographique.

La matrice des valeurs d’usages des espèces avec les facteurs socio-culturels a été soumise à une Analyse en Composantes Principales (ACP) pour déterminer le patron d’utilisation des espèces les plus sollicitées dans le traitement des maladies (espèces ayant une FC supérieur ou égale à 5 %).

L’effet du sexe et de l’âge sur la connaissance ethno médicinale des espèces a été évalué par le test non paramétrique de Mann Whitney appliqué aux valeurs d’usage UV. En ce qui concerne les effets du phytodistrict, le niveau d’instruction, la religion et le groupe ethnique, le test de Kruskal-Wallis a été utilisé. Des histogrammes ont été construits sur les modalités de chaque facteur ayant un effet significatif. Les analyses statistiques ont été effectuées dans le logiciel R.

Résultats

Les plantes utilisées et les maladies traitées

Dans la présente étude, 93 espèces utilisées dans le traitement de diverses maladies ont été recensées. Ces espèces appartiennent à 83 genres et 40 familles botaniques, dont les familles qui sont très représentées sont celles des Asteraceae, Poaceae et Fabaceae. Ensuite il y a les Cucurbitatceae, Malvaceae et Solanaceae qui ont aussi une représentativité remarquable (Figure 2 et Tableau 2). Parmi les espèces inventoriées, vingt-un (21) se sont révélées comme plus fréquemment utilisées. Il s’agit de Momordica charantia, Chromolaena adoratta, Cassia occidentalis, Heliotropium indicum, Physalis angulata, Parquetina nigrescens, Pupalia lappacea, Alternanthera repens, Hyptis suaveolens, Acanthospermum hispidum,Argemone mexicana, Aspilia africana, Blactuca taraxacifolia, Cassia rotundifolia, Cleome ciliata, Diodia scandens, Kedrostie foetidissima, Phyllanthus amarus, Schrankia leptocarpa,Sida acuta, Solenostemon monostachyus.

En ce qui concerne le sexe, les hommes ont cité plus les espèces comparativement aux femmes (Figure 3). Les animistes (vodoun) ont plus cité d’espèces ensuite les chrétiens et enfin les musulmans (Figure 3). Par rapport aux ethnies, les Fon, Nagot, Goun, Yoruba ont plus cité d’espèces que les Holi et les Adja (Figure 4). La figure 4 montre aussi que les analphabètes ont plus cité d’espèces, ensuite ceux de niveau primaire et secondaire et enfin les universitaires qui n’en ont pas cité beaucoup. Ces plantes sont utilisées pour traiter l’Anémie, l’Angine, les Blessures multiples, la Diarrhée, les Douleurs générales, l'Évanouissement, le Paludisme, la Rougeole, les Saignements, l’Hémorroïde, l’Hypertension, l’Hypotension, l’Ictère, les Frissons, la Varicelle, Gonflement dont la principale maladie traitée est le paludisme.

Effet des facteurs socio-environnementaux sur l’utilisation ethno-médicinale des plantes herbacées en zone guinéo-congolaise du Bénin

Les tests d’inférence de Mann Whitney et de Kruskal-Wallis effectués montrent un effet significatif (P < 0,001) du sexe, de la religion, de l’ethnie et du niveau d’instruction sur la connaissance ethno-médicinale. Le sexe, la religion, le groupe ethnique et le niveau d’instruction sont donc des facteurs qui influencent significativement l’utilisation des espèces médicinales herbacées dans la zone guinéo-congolaise du Bénin.

L’analyse en composantes principales effectuée sur la matrice des valeurs d’usage des espèces et des groupes ethniques montre que les deux premières composantes résument 91 % des informations sur l’utilisation des plantes médicinales en fonction de l’ethnie (Figure 5). Les corrélations nous permettent d’observer deux groupes d’ethnies. Le premier composé de Holi et Adja qui sont fortement corrélés dans le sens positif à l’axe 1 et faiblement corrélés dans le sens positif à l’axe 2. Le second est constitué de Nagot, Yoruba, Goun et Fon, qui sont fortement et positivement corrélés à l’axe 1 et négativement corrélé avec l’axe 2. Ainsi les Nagot, Yoruba, Goun et Fon sont plus enclin à utiliser les mêmes espèces pour le traitement des maladies et différentes de celles utilisées par les Holi et Adja.

En ce qui concerne le niveau d’instruction, on remarque d’abord que les 2 premiers axes de l’analyse expriment plus de 97% de l’inertie totale du jeu de données. La projection des modalités sur le plan des axes montre que les modalités comme analphabète, primaire et secondaire, sont fortement corrélées dans le sens positif au premier axe (Figure 5). Mais leurs corrélations sont faibles et négatives avec l’axe 2. Les individus appartenant à ces catégories sont plus enclins à utiliser les mêmes espèces pour le traitement des maladies. Cependant, la modalité universitaire est la plus représentée dans l’axe 2 (corrélation faible mais positif avec cet axe bien que ce soit fort et positif avec l’axe 1). Les guérisseurs de niveau supérieurs utilisent différemment les espèces herbacées médicinales comparativement aux analphabètes et ceux de niveau primaires et secondaires.

L’analyse en composantes principales effectuée sur la matrice des valeurs d’usage des espèces et des groupes de religion montre que les deux premières composantes résument plus de 97 % des informations sur l’utilisation des plantes médicinales en fonction de la religion (Figure 5). Les corrélations nous permettent d’observer deux groupes d’utilisateurs. Le premier composé des variables chrétiens et des animistes (Vodoun) qui sont fortement corrélés dans le sens positif à l’axe 1 et faiblement corrélés dans le sens négatif à l’axe 2. Le second est constitué des musulmans qui est fortement et positivement corrélés à l’axe 1 et négativement corrélé avec l’axe 2. Ainsi les chrétiens et des animistes (Vodoun) utilisent les mêmes espèces herbacées pour le traitement des maladies et différentes de celles utilisées par les musulmans.

L’analyse de l’ACP (Figure 6) nous permet de regrouper toutes les variables en trois groupes dont les éléments sont positivement et fortement corrélées avec l’axe 1 (Tableau 3). Le premier groupe (dont les variables ont des corrélations positives faible avec l’axe 2) regroupe les variables (Adja, Holi, Vodoun et universitaire) situées dans la partie supérieure. Le second groupe (ayant des variables qui ont des corrélations positives très faible avec l’axe 2) concerne les éléments centraux (Masculin, analphabète et secondaire) et le dernier groupe (dont les variables ont des corrélations négatives faible avec l’axe 2) qui concerne les variables (Fon, goun, Nagot, yoruba, féminin, chrétien, musulman, analphabète, secondaire, universitaire) situées dans la partie inférieure. On en déduit que chaque groupe utilise des espèces herbacées spécifiquement différentes de celles utilisées par les autres groupes.

Discussion

Les facteurs influençant l’utilisation des espèces médicinales herbacées dans la zone guinéo-congolaise sont le sexe, la religion, les groupes ethniques et le niveau d’instruction. Ces résultats corroborent ceux de (Cissé et al., 2019) qui ont montré que la connaissance des espèces agroforestières varie en fonction du sexe, du groupe ethnique et du niveau d’instruction. (Lougbegnon et al., 2018)ont montré aussi que les connaissances ethnobotaniques liées aux plantes à valeur thérapeutique varient avec l’âge, le sexe, et la religion.

Selon (Kouchade et al., 2017), une ethnie ou un groupe socio-culturel est un regroupement d’être humain constitué par une communauté de langues, de culture, de structures sociales et économiques. La différences entres les ethnies au Bénin est aussi marquée par les différences de leurs habitudes cultuelles, leur savoir-faire, leur savoir-vivre qu’elles se transmettent de génération en génération (Hounsode et al., 2016). En effet, les travaux de (Gouwakinnou et al., 2011) et de (Akpi et al., 2019) ont confirmé que les connaissances ethnobotaniques liées aux espèces sont fonction du groupes ethnique des populations. Le même constat a été fait par ( Houehanou et al., 2011)au niveau des populations riveraines de la Réserve de Biosphère de la Pendjari et ont conclu que l’utilisation des espèces par les populations est fonction de leur groupe ethnique.

Le sexe est un facteur influençant l’utilisation des espèces médicinales. Dans la zone guinéo-congolaise les hommes ont plus de connaissance sur les plantes médicinales herbacées que les femmes. Cela pourrait être expliqué par le fait que seulement 27 % des enquêtés sont des femmes. Ceci est dû au fait que les tradipraticiens sont plus souvent des hommes (Koudokpon et al., 2017). Par contre, selon (Lougbegnon et al., 2018), les femmes ont généralement plus de connaissances que les hommes sur les espèces médicinales car elles se chargent particulièrement du séchage, du stockage et de la préparation des recettes pour les soins des membres de la famille, et celles-ci n’ont besoin des hommes que pour la collecte des plantes dans les zones considérées dangereuses.

S’agissant du niveau d’instruction, les analphabètes ont plus de connaissance sur les plantes médicinales herbacées que ceux du niveau primaire ; le secondaire et le niveau supérieur. Ce résultat est le même avec ceux présentés dans les études menées par (Gnagne et al., 2017)Ageratum conyzoides (Goatweed. Ces résultats peuvent s’expliquer par la présence majoritaire des analphabètes dans les milieux ruraux et par conséquent ils dépendent plus des ressources naturelles de leur environnement. Par contre les universitaires s’éloignent plus des ressources naturelles et par conséquent perdent la connaissance ethno-médicinale.

En ce qui concerne la religion les chrétiens et les animistes (Vodoun) connaissent mieux les plantes médicinales que les musulmans. Ceci s’explique par le fait que la plupart des chrétiens étaient animistes avant de se convertir au christianisme (53 %). Le reste sont des animistes (38%) et musulman (07%). Ce résultats contrastent avec celui de (Kouchade et al., 2017) ou la majorité des enquêtés pratique les religions endogènes. Selon (Lougbegnon et al., 2018) la religion endogène adore l’usage des plantes médicinales d’autant qu’elle a souvent certaines idées comme les pratiques occultes de l’usage des plantes médicinales.

Le district phyto-géographique n’affecte pas la connaissance des espèces herbacées et ce résultat est contraire à celui obtenu par (Gnagne et al., 2017) qui avaient travaillé dans la même zone et ont conclu que la connaissance est influencée par le district phyto-géographique. Cette contradiction pourrait s’expliquer par le fait que (Gnagne et al., 2017)avaient travaillé sur les espèces ligneuses médicinales. Cela montre que les espèces médicinales ligneuses et herbacées sont gérées par différentes réalités socio-économiques. Elles doivent donc être investiguées différemment.

Conclusion

L’utilisation des espèces herbacées médicinales varie en fonction du sexe, la religion, les groupes ethniques et le niveau d’instruction. Quatre-vingt-treize (93) espèces herbacées sont utilisées en médecine traditionnelle dans la zone guinéo-congolaise du Bénin parmi lesquelles vingt-trois (21) sont plus sollicitées. Au terme de cette étude, il importe que les études sur les plantes médicinales herbacées soient approfondies dans les autres zones climatiques pour avoir plus de connaissances sur ces espèces. Cette étude contribue à la préservation et à la conservation de façon durable des herbacées et au renforcement des connaissances en matière des plantes herbacées médicinales dans ces différents districts phytogéographiques. Ces connaissances devront être documentées afin d’assurer leur conservation. Cela implique qu’on pouvait sensibiliser les populations à utiliser les espèces herbacées qui traitent par exemple la même maladie que des espèces ligneuses au lieu de continuer à utiliser une espèce ligneuse qui sont menacées.

Remerciement

Ce travail a été financé par la Fondation Internationale pour la Science (IFS) à travers la subvention de recherche (D-6335-1). Nous remercions la population locale et tous les informateurs pour leur disponibilité.

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Publié-e

22-09-2022

Numéro

Rubrique

Ressources Naturelles et Foresterie