Les aménagements agricoles de l’Anti-Atlas: De l’abandon aux risques de dégradation des sols et du patrimoine paysager
Résumé
L’Anti Atlas occidental, montagne du Sud-Ouest marocain, est sujet à un exode rural intense depuis plusieurs décennies. Ainsi les terrasses agricoles aménagées depuis plusieurs siècles sur les versants des vallées sont abandonnées et dégradées. Les risques de ruissellement et d’érosion deviennent importants aussi bien à l’amont qu’à l’aval (crues éclaires, inondations, envasement des barrages). L’objectif de ce travail est d’introduire cette problématique. Les états des lieux ont été décrits dans les terroirs de Tizerkine et Timzemzit, commune M’Zal, province Chtouka-Ait Baha. Après caractérisation des états de surface des sols des terrasses, l’importance de l’érosion et le risque de ruissellement ont été évalués en fonction de l’âge d’abandon. L’érosion a été appréciée par l’estimation du « facteur de surface du sol, FSS » de la méthode PAP/CAR et le taux d’infiltration a été mesuré par la méthode des doubles anneaux. Les résultats ont montré que l’abandon des terrasses a conduit à la réduction de la couverture végétale à la surface du sol, à la diminution de son ouverture (croûte de battance) et à la compaction du sol. Les différences sont significatives dès la première année et le risque de ruissellement a été élevé. Une année d’abandon fait perdre à la surface du sol 40% de sa capacité d’infiltration. Au bout de 5 ans, l’infiltration a été réduite au 1/3. Les murs de soutènement des terrasses se sont détériorés progressivement avec l’âge de l’abandon. Plus de la moitié (57 %) de la surface des versants aménagés en terrasses a subi une érosion hydrique modérée à élevée, et des formes d’érosion sévères ont déjà été présentes. Plus de 11% des surfaces ont été fortement dégradées après 20 ans d’abandon. Par conséquent l’amont des bassins versants risque de perde ses terres et ses paysages et l’aval risque de connaître des crues et des inondations dévastatrices. Le patrimoine paysager constitué par ces versants aménagés est en train de se perdre. Donc une attention particulière doit être accordée à ces paysages pour mieux comprendre leurs fonctionnements socio-économique et agro-écologique et pour mieux les réhabiliter et les conserver. L’introduction par exemple, du payement pour services environnementaux (PSE) pourrait aider à réhabiliter les terrasses agricoles de l’Anti Atlas.
Mots clés: Terrasses, Abandon, Dégradation, Capacité d’infiltration, Erosion, Anti Atlas, Maroc
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